Trop lourdes les machines agricoles étouffent les sols.

Moissonneuses, arracheuses de betteraves... Les machines agricoles modernes pèsent lourd, autant que les plus gros dinosaures. Conséquences : des sols tassés et donc moins productifs.

Une époque révolue ? Pas tant que ça, si l’on en croit les résultats d’une étude (lien) publiée le 16 mai dans la revue de l’Académie des sciences étasunienne (Pnas). Les auteurs montrent que le poids des machines agricoles modernes frôle celui des plus gros animaux que la Terre ait jamais connus.

Entre 1958 et 2020, le poids moyen des moissonneuses a été multiplié par dix, passant de 4 à 36 tonnes. Les betteravières les plus récentes pèsent quant à elles jusqu’à 60 tonnes et la pression exercée, par les pneus, sur les couches profondes du sol ont rendu le sol plus compact, moins poreux et le développement des racines plus aléatoires.

La bétonisation des terres agricoles.

Entre 1970 et 2020, l’équivalent de la région Provence-Alpes-Côte d’Azur a disparu, selon un rapport de la Safer (,Sociétés d'aménagement foncier et d'établissement rural) la fédération chargée de réguler le foncier agricole.

En 2021, 33600 hectares (soit environ 48000 terrains de foot) de terres agricoles ont été vendus pour être artificialisées soit une hausse de 23% par rapport à 2020 ! l’explication : la relance post covid.

Pourtant la Safer contrôle toutes les vente de terres agricoles. Si elles considèrent que le prix d’achat, de l’acheteur ou son projet ne sont pas adéquats, elles peuvent “casser” la transaction en utilisant leur droit de préemption, et choisir elles-mêmes le nouvel acquéreur.

Mais les collectivités locales “décident” de l’usage du foncier dans leurs territoires, décision ubuesque dans la tradition du “en même temps” explique le président de la fédération nationale des Safer.

En parallèle, le marché des maisons de campagne (les résidences secondaires) a lui aussi explosé. Le nombre de transactions a augmenté de 21,3% depuis 2020 (76600 hectares sont concernés) à titre de comparaison, le marché immobilier du logement ancien a progressé de 12% en un an.

Sans oublier le déclin du nombre d’agriculteurs passé de 1588000 à 389500 entre 1970 et 2020 et dans le même temps les parcelles ont, elles, augmenté de 3,36 passant de 18,8 à 68,6 hectares d’où un florilège de sociétés d’exploitation agricoles au détriment de l’agriculteur individuel.

LE DECLIN DES AGRICULTEURS PAYSANS.

Les pesticides.

Les produits phytopharmaceutiques ont un impact décisif sur l’érosion de la biodiversité, la contamination des sols et des cours d’eau, ils sont “l’une des causes majeures du déclin de certaines populations” a rappelé l’Institut national de Recherche pour l’Agriculture, l’Alimentation et l’Environnement (Inrae), l’Institut français de Recherche pour l’Exploitation de la Mer (Ifremer) et d’autres organismes.

Les produits phytosanitaires.

Certains disent que sans les pesticides “nous ne pourrions pas nourrir le monde”. Il s’agit d’un faux problème : si l’on ne peut nourrir tout le monde cela est dû à la spéculation qui est faite, par certains, sur ces types de produits.

N’oublions pas que les produits phytosanitaires représente un marché de 35,5 milliards de dollars réparti entre la Chine, les États Unis, l’ Allemagne et la France qui assurent 50 % des exportations et la quantité de pesticides a doublé depuis 1990 pour arriver à 4,2 millions de tonnes.

20 à 40 % des récoltes dans le monde sont toutes détruites malgré l’emploi des pesticides,
en France seules 3 % des surfaces agricoles sont épargnées par les pesticides on y trouve les résidus de plus de 10 ingrédients actifs sur 1/4 du territoire,
94 % des terres agricoles européennes sont polluées par au moins un type de pesticides et 63 % par plus de 10 ingrédients à l’échelle mondiale c’est respectivement 64 et 21 %,
Au total, près d’un tiers (29 %) des fruits produits en Europe sont contaminés. Des taux qui ont explosé au cours de la dernière décennie : + 53 % en moyenne entre 2011 et 2019. près d’un un tiers des kiwis et la moitié des cerises échantillonnés sont pollués.

La 6ième extinction.

Allons vers celle-ci ? A priori: l'Holocène est à nos porte, les 55 000 à 70 000 tonnes de produits phytopharmaceutiques vendues chaque année en France, nous y conduisent inexorablement.

La solution : en fait réduire la quantité de substances appliquées sur les sols, parier sur le bio, mais en fait cela ne dépend des seuls agriculteurs à qui l’on reprochent beaucoup de choses mais, aussi des différents gouvernements mondiaux qui tablent, toujours, sur une “croissance sans fin” et qui ne veulent pas anticiper vers une “décroissance heureuse”.

“Soit on prend le tournant de l’agriculture paysanne, soit on prend le mur”

Laurence MARANDOLA porte parole de la confédération paysanne

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