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Site informel d'observation de la politique menée à PIMPREZ... et...ALENTOURS.......

Lettre ouverte aux candidats à l’élection présidentielle, par Jean Audouze *, parue dans Sciences et Avenir.

Publié le 26 Janvier 2017 par la gratte-cul in pimprez, mairie de pimprez, société, école pimprez, Ribécourt, Thourotte

* lien 1 et lien 2

2017, année politique. Nous allons choisir, voter pour celui qui, selon les affinités de chacun, représentera notre pays à l’international et sera capable de l’inscrire dans le XXIième siècle.

Je me garderai bien de donner un avis ou une orientation, ce n’est pas mon propos, j’aimerai, simplement, que vous lisiez cette lettre ouverte et vous remémoriez les différents articles parus dans ce blog (voir lien 3, lien 4, lien 5, lien 6, lien 7, lien 8, lien 9) sur l’instruction de nos chères têtes blondes

BONNE LECTURE,

 

 

n’oublier pas de consulter l'article sur les fossoyeurs de l’éducation nationale

(lien 10).

 

 

"A propos des programmes dont on prend connaissance actuellement ici ou là, il n’est question que de considérations morales ou économiques : libéralisme ou protectionnisme, tentatives de lutte contre le chômage, suppression de postes de fonctionnaires, allongement ou maintien du temps légal de travail, recul ou non de l’âge de la retraite, augmentation de la TVA, allégement des impôts directs, suppression éventuelle de l’ISF, réforme de la protection sociale… Je suis frappé par leur cécité et leur mutisme, au sujet de l’environnement, de l’éducation et de la recherche. J’espère que d’autres que moi, plus qualifiés que moi dans le domaine de l’environnement, élaboreront ce qu’il convient de rappeler à tous ces candidats présents ou futurs (je dis bien tous) concernant sa protection et la lutte contre les désordres climatiques.

 

Le niveau en mathématiques et en sciences des élèves français baisse de façon dramatique

Je veux dire ici ma surprise devant le silence assourdissant qui suivit l’annonce faite en février 2014 des résultats de l’enquête PISA (le programme international pour le suivi des acquis des élèves, organisé par l’OCDE). La France occupait alors la 18e place sur les 34 pays de l’OCDE ayant fait l’objet de ce classement. Le 29 novembre 2016, on apprend les résultats d’une étude des capacités des élèves de CM1 de près de 50 pays menée par l’Association internationale pour l’évaluation de la réussite éducative (IAE). Celle-ci montre que les petits français de l’âge de dix ans sont bien moins bons en mathématiques et en sciences que les enfants du même âge vivant dans la plupart des autres pays. Ce n’est pas le cas de cinq pays d’Asie (Singapour, Hong Kong, Corée du Sud, Taïwan et Japon) qui sont à la tête du classement établi par l’IAE. Une étude complémentaire démontre aussi que le niveau moyen des collégiens en mathématiques et en sciences continue à baisser de façon très préoccupante.

 

 

Le système éducatif français est actuellement incapable à répondre à cette situation

Les raisons de cette incapacité sont nombreuses, je me borne à en rappeler trois :

  1. La réforme du collège décidée par le présent gouvernement est fondée sur un égalitarisme nocif qui vise à abaisser le niveau de l’enseignement dispensé pour s’assurer qu’au moins 80% d’une classe d’âge quittera le lycée avec le bac. L’ascenseur social que représentait l’école jadis est « grippé » parce que l’effort intellectuel est trop souvent banni au lieu d’être encouragé.

  2. Pour constituer la documentation nécessaire à la préparation d’un ouvrage sur la matière dans tous ses états, je me suis procuré les manuels de physique et chimie des classes de 5e, 4e et 3e : pour dégouter les collégiens de ces deux matières, la responsabilité des éditeurs de ces livres est évidente mais, selon moi, le mal réside plutôt dans la conception même des programmes qui ne cherchent pas à susciter la curiosité et l’intérêt des élèves.

  3. Au risque d’être politiquement incorrect, je maintiens, comme tous mes collègues, que l’absence de sélection à l’entrée de l’Université est une mesure démagogique qui condamne à l’échec les étudiants qui vont emprunter une filière qui ne leur conviendra pas. A ce propos, mes amis qui enseignent la physique en première année de la licence spécialisée me disent qu’ils sont obligés de reprendre alors tout ce qui aurait dû être appris au lycée.

 

 

Les mathématiques et la recherche publique françaises sont parmi les meilleures au monde

Avant d’exhorter ceux qui ont l’ambition et la prétention de diriger le pays au cours des cinq prochaines années à proposer un plan Marshall pour l’éducation des jeunes et la survie de la recherche scientifique française, je me dois de rappeler qu’aujourd’hui l’école mathématiques française demeure l’une des meilleures au monde en nombre de médailles Fields, que la physique et la chimie, ainsi que la biologie et la médecine de notre pays obtiennent actuellement des résultats remarquables, que le CNRS se classe maintenant au deuxième rang mondial en termes de publications. Mais, hélas, il y a fort à parier que dans une dizaine d’années tous ces succès présents appartiendront à un passé qui sera révolu. Il n’y a pas de mystère quant à la qualité présente de la recherche scientifique française et celle de ses ingénieurs : durant la Révolution de 1789, quelques savants particulièrement clairvoyants tels que Gaspard Monge ou François Arago ont mis en place le système des grandes écoles (Polytechnique, Normale Supérieure….) qui maintient encore aujourd’hui (mais pour combien de temps ?) l’excellence de leurs élèves en mathématiques et en sciences. Puis ce fut Jean Perrin, prix Nobel de Physique 1926 qui, lors de son passage dans le gouvernement du Front Populaire, « inventa » le CNRS. Aujourd’hui, comme cela est démontré par la publication rappelée au début de cette lettre des classements internationaux, nous nous trouvons au bord d’une immense catastrophe nationale.

 

 

Quelques suggestions

Sans que ce soit une condition suffisante pour éviter ce désastre – j’évoque maintenant certaines pistes de réflexion à l’attention du système éducatif - j’ose espérer que dans les programmes des futurs candidats à l’élection présidentielle – au moins celui du futur Président de la République – le sujet de l’éducation et de la recherche scientifique sera abordé avec intelligence et pragmatisme. Pour me limiter à quelques évidences :

  1. Comme cela a été bien affirmé dans une récente tribune au Monde signée par les scientifiques français les plus éminents (Prix Nobel…), la recherche publique française a besoin de moyens humains et budgétaires – la seule façon de s’attaquer effectivement au problème du chômage est de favoriser la recherche fondamentale dont les résultats conduisent à l’innovation qui est le moteur indispensable à la création de nouveaux emplois.

  2. Je reviens sur l’idée d’un plan Marshall concernant le système éducatif français avec l’élaboration d’une loi de programmation sur 5, voire 10 ans et qui apporte des solutions concrètes aux paramètres majeurs et fixe des objectifs clairs : il n’est pas nécessaire de multiplier le nombre d’enseignants – il faut réformer leur statut en améliorant leur sélection, en élaborant des plans concrets de formation initiale et continue, en les rémunérant à des niveaux bien supérieurs à ceux qui prévalent actuellement, compte tenu de l’importance de leur mission et en remplaçant ce système actuel d’inspection dépassé et inefficace par des mécanismes d’accompagnement appropriés en leur témoignant la confiance qui les aidera à accomplir leurs missions essentielles et complexes. Concernant les chefs d’établissements qui doivent être également bien choisis et formés à leurs missions, il convient de les responsabiliser et de les doter des pouvoirs nécessaires à l’accomplissement de leurs tâches à la tête de structures beaucoup plus autonomes que maintenant.

  3. Les moyens budgétaires dont disposent les écoles, les collèges et les lycées sont généralement insuffisants. On voit donc que l’affichage, sans réflexion préalable, d’une réduction du nombre de fonctionnaires (que sont les enseignants et les chercheurs) et une réduction des budgets de l’éducation nationale et de la recherche va à l’encontre du maintien et si possible de l’augmentation des capacités de progrès dans ces deux domaines essentiels à notre avenir.

Pour conclure, je forme le vœu que celui ou celle qui sera élu(e) pour présider pendant cinq ans aux destinées de notre pays proposera pour se faire élire un programme contenant des mesures précises propres à renverser la tendance actuelle ou future d’une baisse de la qualité de l’enseignement et de la recherche en France. Au moment où il constituera son gouvernement, j’espère aussi qu’il saura choisir des personnalités aptes à faire progresser ces deux domaines, en concertation avec leurs administrations et l’ensemble des enseignants, des chercheurs, de leurs syndicats dont on redéfinira mieux le rôle et les missions, en éliminant toute forme de cogestion qui conduit à l’impuissance et à la démagogie et de nous tous qui sommes les « usagers » de ces services publics essentiels pour notre avenir."

Jean Audouze

 

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