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Site informel d'observation de la politique menée à PIMPREZ... et...ALENTOURS.......

NE RIEN FAIRE.

Publié le 7 Novembre 2021 par la gratte-cul in EMPLOIS et ECOLOGIE, L'AGRICULTURE, POUVOIR et ECOLOGIE, vie et mort d'une civilisation

Durant les 2 semaines de la COP 26 siégeant à Glasgow, nombre de chefs d’état sont venus en jet privé, ils n’ont, donc, rien compris !!!

De notre coté, nous avons laissé tribune libre à un spécialiste du climat et de l’énergie.

A force de « laisser faire » en matière de lutte contre les gaz à effet de serre, nous ne pourrons bientôt plus rien faire.

 

« Je n’arrêterai jamais de fumer, c’est trop dur ». qui n’a jamais entendu cette affirmation d’un(e) adepte du tabac ne se sentant pas le courage d’abandonner la cigarette ?

Cette déclaration est une illusion. Bien sûr que notre fumeur ou fumeuse arrêtera « un jour » au plus tard, le jour de son décès. Malheureusement, plus il ou elle résistera à l’arrêt volontaire, plus cela augmentera la probabilité de subir un arrêt involontaire, autrement plus désagréable.

Quel rapport avec le changement climatique ? Il réside dans la croyance courante que « ne rien faire » sur les émissions de gaz à effet de serre, c’est garantir que ces émissions vont augmenter encore et encore, sans limite dans la durée. « Ne rien faire » ce serait l’assurance que les émissions vont croître jusqu’en 2100, et au-delà.

Mais l’illusion est la même que pour le tabac : en fait, « ne rien faire » sur les émissions, c’est juste se mettre dans une situation où la baisse arrivera à l’occasion d’un événement non désiré. Et plus « on ne fait rien » plus vite arrivera la régulation involontaire.

Épuisement naturel.

Commençons par le plus évident : pour émettre du co², il faut des combustibles fossiles à brûler et des forêts à couper. Les émissions de la déforestation finiront fatalement par baisser… au plus tard quand il ne restera plus d’arbres debout, soit que nous les ayons coupés, soit qu’une dérive climatique les ait tués. Accessoirement, à ce moment-là, nous aurons perdu l’essentiel du couvert forestier mondial par rapport à 1750.

Les combustibles fossiles mettent des dizaines ou des centaines de millions d’années à se former. À l’échelle des temps historiques, en brûler de plus en plus chaque année n’est donc pas possible.

Quand les gisements se seront tellement épuisés que la production d’hydrocarbures ne pourra plus croître, les émissions de co² fossile baisseront fatalement. Quand ? Pour le pétrole, nous y sommes, à quelques années près. On pourra chicaner pour savoir si c’était en 2018 (maximum historique) ou si ce sera en 2025, mais, en gros, c’est maintenant. Pour le gaz, même sans volonté de s’occuper du climat, ce serait peu de temps après – entre 2030 et 2050.

Le charbon semble plu abondant, mais personne n’est capable de dire si, à lui seul, il pourrait permettre au co² fossile de croître sans discontinuer jusqu’en 2100.

Sans camions, les villes meurent de faim.

En outre, il y a d’autres frein à la croissance de la société thermo-industrielle, il nous faut de quoi manger, par exemple. Or la dérive climatique va assécher une majorité des régions de culture, et le pétrole est indispensable pour assurer la mise à disposition de la nourriture dans les villes, où réside plus de 50 % de la population : sans camions les grandes agglomérations meurent de faim !

Il semble illusoire qu’une insécurité alimentaire généralisée n’ait pas d’impact limitant sur l’économie, voire sur la taille de la population.

Les hydrocarbures ont, aussi, permis aux humains de s’entasser dans les villes, pour y jouir de l’abondance matérielle créée par des machines au travail dans les champs, les mines et les usines.

Cette concentration humaine interconnectée (par des avions, des trains et des voitures) crée un terreau propice à la propagation de pandémies, dont le covid n’est qu’un timide avant-goût). Qu’advienne une nouvelle grippe espagnole ou pire, comme le prédisent certains virologues, et l’un des effets de bord d’un tel drame sanitaire sera une baisse durable des émissions de gaz à effet de serre.

NE RIEN FAIRE : les dossiers c'est important mais, la réalité....

NE RIEN FAIRE : les dossiers c'est important mais, la réalité....

Pour une sobriété organisée.

Avec les informations disponibles sur les stocks fossiles, les conséquences de la dérive climatique et les autres limites planétaires (métaux, sols, biodiversité), la probabilité que le « laisser-faire » permette à la croissance des émissions de co² de se poursuivre jusqu’au décès de la générations de mes enfants est donc proche de zéro, et même pour ma génération la question se pose sérieusement.

Cela signifie que le « laisser-faire » a tout les chances de nous mener, bien avant 2100, à une contraction structurelle mais non anticipée – et donc non pilotée – du « système industriel humain ».

Face à cette éventualité et à sa probable échéance, il semble raisonnable de choisir la voie d’une sobriété organisée, même si cela suppose de faire contribuer aussi celles et ceux que, au regard de leurs revenus, nous avons coutume d’appeler « modestes ».

Leur sort sera toujours mieux préservé dans un mouvement contrôlé que dans une débâcle planétaire généralisée, qui, selon toute vraisemblance, sera bien plus violente, meurtrière et inéquitable.

 

Jean-Marc Jancovici

Ingénieur en énergie-climat.

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